La feijoada à portuguesa est un ragoût traditionnel portugais à base de haricots rouges ou blancs mijotés longuement avec diverses viandes, charcuteries et aromates, créant un plat généreux et savoureux qui incarne l’âme même de la cuisine portugaise rustique et familiale.
La feijoada à portuguesa représente l’essence même de la cuisine traditionnelle portugaise : généreuse, réconfortante et profondément ancrée dans la culture populaire. Ce ragoût emblématique, dont le nom dérive de « feijão » (haricot en portugais), est bien plus qu’un simple plat – c’est un véritable héritage culinaire transmis de génération en génération.
Né de l’ingéniosité paysanne qui savait transformer des ingrédients simples en festin nourrissant, ce plat mijoté associe la richesse des haricots à la saveur des viandes et charcuteries, créant une symphonie gustative où chaque bouchée raconte l’histoire d’un Portugal rural et authentique. Dans les campagnes portugaises, la feijoada était traditionnellement préparée dans de grandes marmites en terre cuite, mijotant lentement sur feu de bois, rassemblant famille et voisinage autour d’un repas commun les jours de fête ou de travaux agricoles importants.
Sa texture onctueuse, ses arômes profonds et son caractère nourrissant en font un plat emblématique qui traverse les saisons et les régions, se déclinant en d’innombrables variantes selon les provinces, les traditions familiales et les produits locaux disponibles. De l’Alentejo au Minho, chaque région revendique sa version de la feijoada, témoignant de la diversité culinaire d’un petit pays aux grandes traditions gastronomiques.
⏱️ Temps total : 3 heures (+ trempage)
- Préparation : 30 minutes
- Trempage des haricots : 8-12 heures
- Cuisson : 2h30
- Portions : 6-8 personnes
- Difficulté : Moyenne
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Ingrédients
Pour la base :
- 500g de haricots rouges secs (ou blancs selon la région)
- 300g d’échine de porc coupée en morceaux
- 200g de lard salé ou poitrine fumée
- 1 chorizo portugais (chouriço)
- 1 boudin noir portugais (morcela – facultatif)
- 200g de travers de porc
- 2 oreilles de porc (facultatif, pour une version très traditionnelle)
- 1 jarret de porc (facultatif)
Légumes et aromates :
- 2 oignons moyens émincés
- 4 gousses d’ail écrasées
- 2 carottes en dés
- 2 tomates mûres concassées
- 1 poivron rouge émincé
- 1 chou portugais (couve galega) ou chou vert frisé, émincé
- 2 feuilles de laurier
- 1 bouquet garni (thym, persil, romarin)
- 2 cuillères à soupe de concentré de tomate
- 1 cuillère à café de paprika doux (colorau)
- 1 pincée de cumin (facultatif)
- Huile d’olive extra vierge
- Sel et poivre noir du moulin
- 1 cuillère à café de piment rouge en poudre (facultatif, pour une version plus relevée)
Pour l’accompagnement :
- Riz blanc
- Jeunes pousses d’épinards ou salade verte
- Olives noires à la portugaise
- Pickles de légumes (cebolada)
- Quelques branches de persil frais
Matériel nécessaire :
- Une grande marmite en fonte ou en terre cuite (idéalement)
- Une cocotte en fonte ou une grande casserole à fond épais
- Un grand saladier pour le trempage des haricots
- Une écumoire
- Une grande cuillère en bois
- Un plat de service en terre cuite traditionnel (facultatif, pour la présentation)
Instructions étape par étape
1. Préparation préliminaire (la veille)
Triez les haricots pour retirer les éventuels cailloux ou grains abîmés. Rincez-les abondamment puis mettez-les à tremper dans un grand volume d’eau froide pendant 8 à 12 heures ou toute une nuit. Ce trempage est essentiel pour réduire le temps de cuisson et améliorer la digestibilité des haricots.
Astuce : Si vous avez oublié de faire tremper les haricots, vous pouvez utiliser la méthode rapide : portez-les à ébullition pendant 2 minutes, puis laissez reposer hors du feu pendant 1 heure avant de poursuivre la recette.
2. Préparation des viandes (30 minutes)
Coupez l’échine de porc et le lard en morceaux de taille moyenne. Si vous utilisez des oreilles ou un jarret de porc, nettoyez-les soigneusement. Dans une grande marmite, portez de l’eau à ébullition et blanchissez rapidement les morceaux de viande pendant 5 minutes pour éliminer les impuretés. Égouttez et réservez.
Coupez le chorizo et le boudin noir en rondelles épaisses de 1,5 cm. Réservez-les séparément car ils seront ajoutés plus tard dans la cuisson.
Important : Cette étape de blanchiment permet d’éliminer l’excès de sel des viandes et de la charcuterie tout en préservant leur saveur.
3. Préparation du sofrito (15 minutes)
Dans votre cocotte ou marmite, faites chauffer 3 cuillères à soupe d’huile d’olive à feu moyen. Ajoutez les oignons émincés et faites-les revenir jusqu’à ce qu’ils deviennent translucides (environ 5 minutes). Incorporez l’ail écrasé et poursuivez la cuisson pendant 1 minute sans laisser brunir.
Ajoutez les carottes en dés, le poivron émincé et les tomates concassées. Laissez mijoter pendant 5-7 minutes jusqu’à ce que les légumes commencent à ramollir. Incorporez le concentré de tomate, le paprika et, si vous l’utilisez, le cumin. Mélangez bien pour enrober tous les ingrédients.
Comment savoir si le sofrito est prêt : Les légumes doivent être tendres et légèrement caramélisés, formant une base aromatique homogène et fondante.
4. Cuisson des haricots et des viandes (2 heures)
Égouttez les haricots trempés et rincez-les. Ajoutez-les dans la marmite avec le sofrito. Incorporez les morceaux de viande blanchis (sauf les charcuteries), les feuilles de laurier et le bouquet garni. Couvrez le tout d’eau froide (environ 2 litres), en veillant à ce que tous les ingrédients soient immergés.
Portez à ébullition, puis réduisez à feu doux. Écumez la surface si nécessaire durant les premières minutes de cuisson. Couvrez partiellement et laissez mijoter pendant environ 1h30, en remuant occasionnellement et en ajoutant un peu d’eau chaude si nécessaire.
Astuce de cuisson : Pour une saveur plus développée, certaines familles ajoutent un verre de vin rouge ou de porto à ce stade.
5. Ajout des charcuteries et finition (30 minutes)
Après 1h30 de cuisson, lorsque les haricots commencent à être tendres, ajoutez les rondelles de chorizo et de boudin noir. Incorporez le chou émincé et mélangez délicatement. Assaisonnez avec du sel et du poivre (avec parcimonie, car les charcuteries apportent déjà du sel).
Poursuivez la cuisson à découvert pendant 30 minutes supplémentaires jusqu’à ce que tous les ingrédients soient parfaitement tendres et que le bouillon soit légèrement épaissi.
Astuce de finition : 5 minutes avant la fin de la cuisson, ajoutez un filet généreux d’huile d’olive extra vierge pour donner de la brillance et enrichir la saveur du plat.
6. Repos et service
Idéalement, laissez reposer la feijoada pendant 30 minutes avant de servir, ou même préparez-la la veille pour que les saveurs se développent pleinement. Réchauffez doucement avant de servir.
Servez la feijoada dans des assiettes creuses ou des bols, accompagnée de riz blanc. Garnissez de persil frais ciselé et proposez à table les accompagnements traditionnels : olives noires, pickles de légumes et salade verte.
Conseils et astuces
✅ Pour réussir à coup sûr :
- Utilisez une marmite en fonte ou en terre cuite qui répartit mieux la chaleur
- Ne salez qu’en fin de cuisson car les viandes et charcuteries apportent déjà du sel
- Contrôlez régulièrement la cuisson des haricots qui doivent être fondants mais pas en purée
- Préparez ce plat la veille du service pour des saveurs encore plus développées
⚠️ Erreurs à éviter :
- Cuisson trop rapide et à gros bouillons → Haricots qui éclatent et viandes dures
- Trop de sel ajouté en début de cuisson → Plat trop salé en fin de cuisson
- Négliger le trempage des haricots → Cuisson inégale et temps de préparation allongé
- Trop d’eau durant la cuisson → Saveurs diluées
Histoire du plat
La feijoada portugaise trouve ses racines dans la cuisine paysanne ancienne de la péninsule ibérique, où la nécessité d’optimiser les ressources alimentaires conduisait à l’élaboration de plats complets et nourrissants. Contrairement à sa cousine brésilienne issue de la colonisation, la feijoada portugaise est antérieure et reflète l’adaptation ingénieuse des populations rurales aux cycles agricoles et à l’économie domestique.
Dans le Portugal médiéval, où l’élevage porcin constituait une ressource essentielle, la tradition de l’abattage familial du cochon (matança do porco) donnait lieu à diverses préparations permettant de conserver et d’utiliser toutes les parties de l’animal. La feijoada, associant les légumineuses riches en protéines aux morceaux de viande moins nobles et aux charcuteries, représentait une solution économique et savoureuse pour nourrir les familles nombreuses et les travailleurs agricoles.
Chaque région du Portugal a développé sa propre variante : dans le nord, la feijoada est souvent préparée avec des haricots blancs et du chou, tandis que dans l’Alentejo, les haricots rouges prédominent et s’accompagnent parfois d’herbes aromatiques spécifiques. À Trás-os-Montes, région montagneuse au climat rigoureux, la version locale incorpore davantage de charcuteries fumées pour affronter les hivers froids.
Aujourd’hui, ce plat ancestral demeure un emblème de la cuisine portugaise, célébré tant dans les foyers que dans les restaurants traditionnels, témoignant de la richesse d’un patrimoine culinaire qui a su préserver l’essentiel à travers les siècles.
Variantes
- Feijoada Transmontana : Version du nord-est du Portugal, plus riche en charcuteries fumées et accompagnée de pain de seigle
- Feijoada à Alentejana : Préparée avec des haricots rouges et souvent parfumée au coriandre frais
- Feijoada de Marisco : Variante côtière où les fruits de mer remplacent les viandes (palourdes, crevettes, moules)
- Feijoada Vegetariana : Version moderne sans viande, enrichie de légumes variés et parfois de champignons
- Feijoada com Arroz : Dans certaines régions, le riz est directement cuit dans le bouillon de la feijoada en fin de préparation
Conservation
- Fraîcheur optimale : La feijoada se bonifie en reposant et est souvent meilleure le lendemain
- Réfrigération : Se conserve jusqu’à 3-4 jours au réfrigérateur dans un récipient hermétique
- Congélation : Excellente candidate à la congélation, jusqu’à 3 mois
- Réchauffage : À feu doux, en ajoutant un peu d’eau si nécessaire, et en remuant doucement
Questions fréquentes
Peut-on utiliser des haricots en conserve pour gagner du temps ? Oui, c’est possible en cas d’urgence, mais le résultat sera moins savoureux et la texture moins homogène. Si vous optez pour cette solution, réduisez considérablement le temps de cuisson et diminuez la quantité de sel.
Comment adapter la recette pour un repas moins copieux ? Réduisez la variété des viandes en conservant l’échine de porc et le chorizo pour les saveurs essentielles. Augmentez la proportion de légumes comme les carottes et le chou.
La feijoada est-elle adaptée aux grandes tablées ? Absolument ! C’est même l’un des plats traditionnels portugais les plus adaptés pour recevoir, car il peut être préparé à l’avance et servi facilement à de nombreux convives.
Accords et accompagnements
- Vins : Un rouge structuré de la région du Douro ou de l’Alentejo, ou un Vinho Verde rouge légèrement pétillant pour couper la richesse du plat
- Accompagnements traditionnels : Riz blanc, salade d’oignons nouveaux au vinaigre, pain de maïs (broa)
- En entrée : Une soupe légère comme un bouillon aux herbes ou une salade de scarole
- En dessert : Privilégiez la légèreté avec des fruits frais ou une mousse aux agrumes
Adaptations diététiques
- Version allégée : Réduisez les quantités de charcuteries grasses et augmentez les légumes
- Moins salée : Blanchissez plus longuement les viandes salées et omettez le sel ajouté
- Plus digeste : Ajoutez du cumin et des herbes comme le romarin qui facilitent la digestion
- Haute teneur en fibres : Incorporez davantage de légumes verts et de chou
Valeurs nutritionnelles (approximatives par portion)
- Calories : 580 kcal
- Protéines : 35 g
- Glucides : 45 g
- Lipides : 28 g
- Fibres : 15 g
Aspects culturels et traditions
Au Portugal, la feijoada est souvent associée aux moments de convivialité familiale, particulièrement le dimanche midi où elle rassemble plusieurs générations autour de la table. Dans certaines régions, notamment à l’intérieur du pays, elle reste liée au calendrier des travaux agricoles, étant traditionnellement servie lors des vendanges ou des moissons pour nourrir substantiellement les travailleurs.
La préparation de ce plat s’inscrit également dans l’économie circulaire traditionnelle portugaise : rien ne se perd, tout se transforme. Les restes de feijoada sont souvent recyclés dans d’autres préparations, comme des croquettes (rissóis) ou des soupes enrichies.
Dans la diaspora portugaise, de Toronto à Newark en passant par Paris, la feijoada demeure un plat emblématique lors des célébrations communautaires et un vecteur puissant de préservation identitaire, permettant aux générations nées à l’étranger de maintenir un lien gustatif avec leurs racines.
La feijoada à portuguesa transcende sa simple définition de plat mijoté pour incarner l’âme même de la cuisine portugaise : généreuse, réconfortante et profondément ancrée dans une tradition où la convivialité et le partage occupent une place centrale. Dans chaque cuillère de ce ragoût savoureux se raconte l’histoire d’un peuple qui a su transformer la nécessité en vertu culinaire, faisant de l’économie domestique un art de vivre.
Ce plat emblématique nous rappelle que la véritable richesse gastronomique ne réside pas dans la sophistication des ingrédients, mais dans la patience et le savoir-faire nécessaires pour sublimer des produits simples. La feijoada, avec son mélange harmonieux de saveurs robustes et sa capacité à nourrir corps et âme, nous invite à redécouvrir les plaisirs essentiels d’une cuisine qui prend son temps et honore ses racines.
Qu’elle soit servie dans une humble cuisine villageoise ou réinterprétée dans un restaurant contemporain, la feijoada à portuguesa continue de témoigner de la remarquable capacité de la cuisine traditionnelle à traverser les époques tout en conservant son authenticité. Un véritable patrimoine culinaire vivant qui, à chaque bouchée, nous relie à des siècles de tradition et à l’ingéniosité des générations passées.
L’info en plus : La qualité des ingrédients, particulièrement celle des charcuteries et des haricots, impacte considérablement le résultat final. Privilégiez si possible des produits traditionnels portugais ou des équivalents artisanaux.

Je suis Mohamed AZIZI, webmaster et programmeur de profession, mais aussi un fervent amateur de cuisine et père de famille dévoué. J’ai créé ce site pour partager avec vous ma passion culinaire, mes découvertes et mes recettes favorites qui font le bonheur de ma famille.